Thaumetopoea pityocampa

     
Classe : Insecta / Insectes
Processionnaire du pin (français) Ordre : Lepitoptera / Lépitoptères
Pine Processionary (english) Famille : Notodontidae / Notodontidés
Procesionaria del pino (espagnol) Genre : Thaumetopoea
     
       

Cet insecte est plus connu sous sa forme juvénile de chenille que sous sa forme imaginale de papillon. En effet la chenille processionnaire du pin est un insecte défoliateur, ravageur que l'on rencontre sur tout le pourtour du bassin méditerranéen. Elle s'attaque comme son nom l'indique aux pins, en particulier le pin noir d’Autriche (Pinus nigra nigricans), le pin laricio de Corse (Pinus nigra laricio), le pin maritime (Pinus pinaster), le pin sylvestre(Pinus sylvestris), le pin d’Alep (Pinus halepensis) et ponctuellement à d'autres espèces de conifères et en particulier à certains cèdres (Cedrus sp.).

D'après l'INRA, la processionnaire du pin progresse depuis plusieurs décennies vers le nord de la France, ainsi qu'en altitude, dans les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central. L'extension de l'aire de répartition semble principalement liée au réchauffement climatique. La chenille processionnaire du pin remonterait vers le nord à la vitesse moyenne de 55,6 km par décade.

Cet animal est considéré comme un nuisible:

Le premier préjudice causé par cet insecte concerne les pinèdes. En effet, la chenille consomme les aiguilles des pins. Certaines aiguilles sont entièrement consommées, d'autres sont justes détruites en partie, puis s'assèchent et enfin tombent. Le problème vient, dans certaines régions, du trop grand nombre de chenilles qui peuvent, par attaques multiples et répétées, affaiblir puis tuer certains arbres.

D'autre part, ces chenilles constituent un problème de santé publique. Sur l’homme, les poils urticants de la chenille provoquent s'ils sont inhalés des phénomènes allergiques ainsi que des irritations de la peau et des yeux par contact.

Une autre victime très classique de ces chenilles est le chien. En effet, ce dernier, intrigué par la procession des chenilles peut sentir de très près et même parfois lécher ou essayer de consommer la colonie. On parle d'érucisme, c'est à dire une envenimation due à une chenille. Une chenille étant une larve eruca. La chenille (stades L3, L4, L5) possède des poils fusiformes et barbelés contenant le venin, répartis sur l'abdomen sur des surfaces appelées « miroirs ». Le venin contient en particulier de la thaumatopéine, cette molécule déclenche une forte libération d'histamine, ce qui explique l'inflammation observée.

Les signes les plus fréquents sont liés à l 'ingestion de chenilles :

- inflammation des lèvres, de la cavité buccale (stomatite), de la langue (glossite), avec une algie violente, tuméfaction des babines, ptyalisme. L'inflammation peut aller jusqu'à l'ulcère ou à la nécrose.

- vomissement et diarrhée apparaissent ensuite

- dans les cas graves apparaissent des symptômes généraux : agitation, choc ou convulsions.

Il faut donc être vigilant au printemps dans les zones à risque afin de pouvoir protéger ses compagnons. En cas de la survenue d'une ingestion par l'un de vos animaux, il faut consulter très rapidement votre vétérinaire. C'est une urgence.

Le cycle de cet insecte est atypique:

La phase aérienne: les papillons

L'adulte (le papillon) émerge de terre durant l'été. Les mâles et femelles s'accouplent. Le mâle meurt environ deux jours après l'accouplement. Au bout de quelques heures, la femelle se pose à l'extrémité d'une branche d'un pin. Elle va pondre autour de deux aiguilles, pendant environ trois ou quatre heures. La ponte a une forme de manchon et mesure près de cinq centimètres de long. Elle peut contenir entre 70 et 300 œufs, la moyenne se situant aux alentours de 200 œufs. Ceux-ci sont recouverts d'écailles provenant de l'extrémité de l'abdomen de la femelle, qui va rapidement s'envoler puis mourir quelques heures après. Les oeufs éclosent en un peu plus d'un mois mais le temps nécessaire dépend beaucoup des conditions climatiques et en particulier de la température.

La vie larvaire dans le nid: la destruction des pins

La vie larvaire comporte cinq stades, de L1 à L5, différenciables au niveau de la quantité de soies (poils) présentes, de la taille de la chenille (en longueur et en diamètre) et du volume de sa capsule céphalique. Tout au long de leur évolution larvaire, les chenilles d'une même ponte resteront groupées. Ce comportement grégaire est essentiel à leur survie. Les chenilles consomment les aiguilles directement à leur contact. Le pré-nid d'automne donnera un nid d'hiver très volumineux. La structure comprend deux enveloppes superposées, une interne d'épaisseur importante et une externe plus lâche, qui a un rôle de superstructure. Plus la région d'implantation est froide, plus cette structure est solide et bien entretenue. Il n'y a aucun orifice de sortie, les chenilles se faufilent à travers les mailles du tissage.Le nid d'hiver joue un rôle de radiateur solaire, en captant les rayons du proche-infrarouge. Le rôle isolant est très minime, c'est l'agglomération de la centaine de chenilles les unes contre les autres qui assure l'essentiel de leur réchauffement.

La procession de nymphose: le stade dangereux pour l'homme et les animaux

La procession de nymphose, qui est à l'origine du nom de l'insecte, a lieu de février à mai, et peut durer jusqu'à six jours. La chenille de tête, qui est toujours destinée à donner un adulte femelle, se dirige vers une zone éclairée. Lorsqu'elle parvient à un endroit où le terrain est à la fois ensoleillé et meuble, elle s'arrête et l'ensemble des chenilles de la procession se regroupe. L'enfouissement, à une profondeur comprise entre 5 et 20 centimètres, est limité dans un petit espace et n'est pas toujours définitif. Ainsi, si les conditions de température se révèlent inadéquates, les chenilles peuvent ressortir pour s'enterrer un peu plus loin. Débute alors la phase souterraine du cycle de vie de l'insecte.

La phase souterraine : une durée très variable
Cette phase, qui peut durer de quelques jours à plusieurs mois, se déroule de mars à juillet. Après l'enfouissement, la chenille tisse autour d'elle un cocon de nymphose, et on assiste alors à un arrêt complet du développement. Le développement reprend avant de donner l'imago en juillet. Le cycle est ainsi bouclé.

Les méthodes de lutte:

La lutte microbiologique à base d'une bactérie entomopathogène le Bacillus thuringiensis, reste actuellement la méthode la plus efficace et la plus utilisée en France.

La personne qui constate durant l'hiver dans son jardin des nids de chenilles dans ses pins peut couper les branches concernées et les brûler. Il faut être prudant lors de la manipulation de ces nids. Il ne faut surtout pas les ouvrir car à tout moment un "aérosol" de particules urticantes peut être émis.

On peut également tuer les chenilles en procession au printemps.

Ces chenilles possèdent heureusement des prédateurs naturels. On peut citer certains oiseaux tels que les mésanges qui s'aventurent au plus près du nid pour les dévorer. On peut également parler d'une des sauterelles que j'ai déja étudié sur ce site : Ephippiger ephippiger qui consomme les oeufs avant leur éclosion.

 

Voici quelques vidéos des ces chenilles: