Pomacea canaliculata |
(Lamarck, 1819) | ||
Classe : | Gastropoda / Gastéropodes | ||
Ampullaire brune (français) | Sous-classe : | Prosobranchia / Prosobranches | |
Channeled applesnail (english) | Ordre : | Mesogastropoda | |
Super-famille : | Viviparoidea | ||
Famille : | Ampullariidae / Pilidae | ||
Genre : | Pomacea | ||
Pomacea canaliculata est sans conteste le plus gros escargot d'eau douce rencontré dans le monde de l'aquariophilie. Cet animal est massif, sa coquille est forte, de couleur variée. On peut dire qu'il ne laisse personne indifférent. |
Répartition géographique: |
Sa répartition est ubiquiste, on le trouve à l'heure actuelle dans toutes les zones présentant un climat tropical. Cet escargot est initialement sud-américain et issu de l'Amazone. Il est ainsi décrit au Brésil, en Argentine, en Bolivie, au Paraguay, en Uruguay. Il se retouve depuis une trentaine d'année en Asie du Sud-Est (Sud de la Chine, Thaïlande, Cambodge...) et en Indonésie et au Japon. L'animal est de même décrit aux Etats-Unis, en particulier au Texas et en Floride. Une présence en Australie est également possible d'après certains auteurs.
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Voici sur cette photographie un Pomacea canaliculata sauvage photographié en août 2005 en Thailande à Bang Pa In . Cet animal est de grande taille, plus de 8 cm et sa coquille est particulièrement dense. Je l'ai trouvé au bord d'un cours d'eau affluant de la
Chao Phraya
envahi de jacinthes d'eau
(Eichhornia crassipes). |
Description: |
Pomacea canaliculata possède une coquille globuleuse et massive. Sa coquille est bien plus ronde que celle de l'autre principale espèce d'ampullaires rencontré en aquariophilie : Pomacea bridgesii. Les vieux spécimens sont bien plus arrondis que les jeunes et leur apex n'est pas proéminent et pointu. Leur dimension est fortement en rapport avec leur condition de vie, on peut rencontrer des individus de 6 cm sur 8 cm. L'ouverture de la coquille est plus arrondie chez le mâle. Leur opercule est très résistant, de géométrie stable et spécifique à l'espèce. Cet opercule est rétractable dans la coquille et assure une très bonne protection. Une fois l'animal mort, on retrouve aisément cet opercule qui contrairement à la coquille subit peu les effets de l'érosion. On les retouve généralement intacts. Cet opercule corné est constitué de stries concentriques, il s'accroît en même temps que la coquille. La couleur du corps est blanc jaunâtre avec des taches nuageuses noirâtres. Ils possèdent deux paires de tentacules (= palpes labiaux) particulièrement longues (en particulier la paire dorsale qui est bien plus longue que la taille de l'animal). Les yeux primitifs se situent au sommet d'une protubérence située latéralement aux tentacules dorsales. Ces yeux assurent une vision noir et blancs sommaire. Leur rétine ne possède pas de cellules photoreceptrices des couleurs. Ces yeux leurs apportent surtout des informations sur la lumière (photopériode).
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On peut voir sur ces trois photographies un Pomacea canaliculata mature, présentant une morphologie typique. Cet individu est né et a grandi en captivité à partir d'oeufs issus du milieu sauvage. Ce spécimen présente une couleur jaune orangé or. Ce n'est pas la couleur sauvage généralement décrite. Par contre la couleur du corps et la forme de l'apex permettent rapidement la diagnose. |
Il existe de nombreuses variantes en ce qui concerne la couleur de la coquille. Les formes sauvages typiques sont striées de noir ou de marron sur une base jaune or, jaune brun ou jaune marron. Par contre les jeunes présentent une coquille jaune claire tachetée de nuages noirs verdâtres. Le muscle podal est généralement blanc tachté de noir et de noir violacé. Sur les photos suivantes je présente quelques spécimens que je possède. On peut distinguer un spécimen de deuxième génération présentant une morphologie très proche de Pomacea bridgesii (chair claire, coquille jaune) mais les palpes labiaux dorsaux restent très longs comme chez tous les Pomacea canaliculata. |
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Voici des individus de deuxième génération. On peut noter la longueur des palpes labiaux dorsaux. On peut également noter la présence d'un siphon respiratoire à gauche. Ce dernier est rétractile et permet à l'animal de capter de l'air à la surface de l'eau. Il relie un sac pulomonaire. A sa droite on peut noter un autre orifice, cet orifice lui permet de vider sa cavité palléale (excréments, urine, eau appauvrie en oxygène provenant du ctenidium). Les 5 photos ci-contre ont été prises en février 2008. |
Condition de maintien en captivité: | |
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Respiration: |
L'appareil respiratoire des Pilidae est particulièrement bien adapté au climat tropical. En effet, dans ces régions du monde, les eaux sont relativement chaudes et les cours d'eaux subissent un assèchement important durant la saison sèche. Ces conditions d'eaux chaudes stagnantes avec de nombreux végétaux en décomposition, génèrent une eau présentant un taux d'oxygène dissous assez faible. Sans faire de finalisme, les Pomacea ont dévellopé durant l'évolution un système respiratoire double : poumon + branchie (ctenidium). En effet le poumon (ici un simple sac d'air permettent les echanges gazeux) est très utile lorsque la pression partielle en oxygène de l'eau devient critique. Le siphon respiratoire, très extenssible permet à l'animal de puiser de l'air à la surface. Un contraction musculaire permet à l'animal de pomper l'air. La vidéo 3, disponible au bas de cette page montre le rituel respiratoire de cet escargot. |
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Condition de maintien en captivité: |
Cet escargot n'est pas fragile, ceci peut entre autres expliquer sa dissémination sur toute la planète. Il supporte une certaine salinité. Il tolère également une température assez basse. A 15°C, il continue encore à s'alimenter et à se nourrir. A 10°C, il s'immobilise et se met en hypobiose. Si cette température basse ne dure pas trop longtemps, il peut reprendre ensuite une activité normale. Dans nos latitudes européennes, surtout en zone méditéranéenne, il peut passer la belle saison en bassin. Ceci permet un croissance harmonieuse (plus facilement obtenue qu'en aquarium) mais il faut penser à les rentrer en octobre car les premiers froids lui seront fatals. Cet animal respire avec des poumons, il vient respirer en surface. Il est donc indispensable qu'il ait un accès à la surface. Il utilise fréquemment son siphon palléal pour puiser de l'air. La taille de ce dernier est particulièrement longue dans cette espèce. Cet animal n'a donc pas besoin d'une eau présentant un fort taux d'oxigène dissous et survit dans des eaux stagnantes. Il tolère une eau légèrement acide (ph de l'ordre de 6,5) mais une eau neutre semble plus convenable à sa coquille. En effet, celle-ci va s'éroder dans une eau douce et acide. L'ajout d'un tampon carbonaté peut être intéressant. Afin d'éviter la dissolution de l'apex de la coquille (cas le plus fréquent) il faut assurer un renouvellement fréquent de l'eau.
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On peut voir ici un jeune Pomacea canaliculata de 1 mois. ( 1cm) Photographies de septembre 2005, Toulouse (FRANCE) |
Alimentation: |
Ces escargots sont extrêmement voraces. Ils sont omnivores à dominante herbivore. Ils sont incompatibles avec tout bac planté. Ils peuvent le transformer en quelques jours en paysage désertique. Aucune plante connue en aquariophile ne leur résiste. Leur radula est très rigide et leur assure une bonne prise en bouche et déchirure des végétaux. Il faut par conséquent les nourrir avec des végétaux frais ou congelés. Ils consomment toutes les salades (mâche, laitue, scarole, batavia, feuille de chêne...), les feuilles de radis, les endives, les carottes, les concombres, la courgette.... Je pense que le pissenlit, les endives et les dérivés de la chicorée sont d'excellents aliments en raison de leur rapport phosphocalcique (Ca/P) supérieur à 2. Les escargots ont des besoins accrus en calcium pour fabriquer leur coquille. Certains conseillent de leur donner des "os" de sèches, pourquoi pas, mais je n'ai pas encore essayé. Je mets de plus dans le bac des coquilles de coquillages morts pour assurer une source de calcium permanente. Ils n'apprécient pas le potiron et le poireau. Ils apprécient la nourriture pour poisson (comprimés, flocons, pastilles...) et consomment également les animaux morts (poissons, crustacés, autres escargots...). Ils consomment également certains oeufs de poissons. Par contre j'ai noté qu'ils ne consomment pas les oeufs de Marisa cornuarietis ou de Planorbis corneus. |
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Reproduction: |
Ces escargots sont sexués, on a des mâles et des femelles. Le mâle possède une gonade mâle : le testicule et un organe d'insémination, le pénis. La femelle possède un ovaire, un utérus (rien à voir avec celui des vertébrés) qui reçoit la semence et un pore génital. En période de reproduction, ils copulent très souvent et de facon très prolongée (plusieurs heures par jour). La ponte est généralement nocturne, elle se fait au dehors de l'eau sur un support suffisamment rugueux pour permettre à la gangue d'oeufs d'adhérer. Une ponte contient entre 100 et 200 oeufs. Les oeufs sont roses foncés (ceux de Pomacea bridgesii sont généralement blanchâtres ou rose délavés)
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Accouplement de Pomacea canaliculata en novembre 2006. On peut voir la mâle à droite. Je rappelle avec cette photo que ces escargots sont sexués et que le mâle possède un pénis. Ils restent plusieurs heures dans cette position et la femelle plus grosse peut même se déplacer avec le mâle sur le coté. J'ai pu remarquer qu'ils peuvent s'accoupler de nombreuses fois avant que la femelle ponde. |
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Cette photographie a été prise en Thaïlande en août 2005 à Sukhotaï. On peut voir une ponte dans les conditions naturelles. |
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Ponte de Pomacea canaliculata réalisée en France dans un de mes aquariums dédié à cette espèce d'escargot en novembre 2006. |
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Voici, ci-dessous, 3 vidéos filmées pour la première en novembre 2006 et en février 2008 pour les deux autres. On peut voir une ampullaire brune se déplacer en direction d'une feuille de salade. Ces animaux présentent un chimiotactisme très développé . En effet, l'apport de nourriture s'accompagne toujours d'une suractivité basée sur la recherche de la nourriture. On peut observer sur la vidéo 3 le rituel respiratoire complet d'une ampullaire brune. |